Fonds Gilbert Baudry
Les familles Dondel, de La Pierre et Mauduit - Les Bréart de Boisanger
Vous trouverez ci-dessous le texte de présentation des recherches menées par un groupe de sociétaires, tel que M. Gilbert Baudry avait prévu de l'écrire. Nous avons choisi de le publier sous cette forme non retouchée, ce qui permet de mieux appréhender les objectifs, la méthodologie de Gilbert Baudry et du groupe qui travaillait avec lui. Le résultat est un important corpus de textes tous liés plus ou moins directement aux familles évoquées ci-dessous, mais toujours en rapport avec l'histoire locale, régionale ou nationale. |
Introduction
Nous proposons aux lecteurs une contribution à l'Histoire régionale, limitée à la Bretagne sud, durant les XVIIe et XVIIIe siècles principalement. Trois familles venues du Maine et de l'Anjou : Dondel, de la Pierre, Mauduit, vont guider et encadrer nos recherches en compagnie des Bréart de Ploemeur, puis de leurs descendants. Les années 1593 à 1793 recouvrent des faits réels, certains, mais, en deçà, des causes lointaines et déterminantes sont évoquées, en particulier le Droit romain, les «usements» bretons, le statut particulier du Parlement de Bretagne. De même avec le siècle des Lumières, si une nouvelle culture apparaît, ses développements révolutionnaires seront chaotiques: l'abolition des privilèges de l'Ancien Régime, la suppression de l'esclavage et la liberté de culte resteront un idéal bien après 1793. Les deux dates encadrent deux siècles sur lesquels portent nos recherches. Aux évènements marquants de cette période les familles directrices ont été confrontées; nous suivrons durant deux siècles leurs relations avec le pouvoir monarchique évolué jusqu'à l'absolutisme, leurs entreprises respectueuses des lois -sauf une exception ô combien frauduleuse- les appuis qu'ils cherchaient, leurs positions spontanées ou contraintes à l'égard des religions, leurs expériences militaires ou financières, l'importance qu'ils donnaient à l'instruction de leurs enfants, aux diplômes qui permettaient aux fils d'accéder à des charges lucratives, mais aussi à leurs filles, bien que celles-ci, mineures perpétuelles par la loi, aient été clairement utilisées selon les desseins matrimoniaux des pères, habiles à trouver les beaux partis. Les trois familles du Maine, accompagnées d'amis aux fonctions variées: apothicaire, avocats, greffiers, souvent juristes, ont déjà séjourné dans les ports bretons du Croisic, Redon, Vannes, Auray, Hennebont et Quimperlé. Qu'est-ce qui les a poussés à s'y établir? La Loire, le commerce et les guerres Lors de sa conférence du 4 mars 1995, donnée au siège de la Société d'Archéologie et d'Histoire du Pays de Lorient, Mr René Cintré (U.R.A-CNRS), tout en se limitant au Moyen- Age, a montré l'interdépendance des Économies entre l'Anjou, le Maine et les provinces voisines, ainsi que le rôle du plus long fleuve de France. Par la Loire partaient les chargements de vins et revenaient ceux du sel de Guérande et de Bourgneuf, ainsi que des céréales embarquées dont les ports bretons parfois fort petits ; moins vitaux mais bien adaptés au «commerce ligérien*» grâce aux gabares fluviales, le tuffeau de Saumur, la pierre de Caen, précieuse en sculpture et l'ardoise de l'«Anjou noir» parvenaient aux chantiers bretons qui, dans le sens inverse, expédiaient le granit propre au renforcement des murailles, à la construction des piliers, des canonnières, à la confection des boulets de canons et des pierres tombales. Mr Cintré a mis l'accent sur l'extrême difficulté d'existence de la population durant la guerre de Cent ans, la mortalité due aux épidémies de peste, l'«abandon d'une quantité incalculable de terres et de maisons» (de 60 à 80% dans l'évêché de Dol). S'y ajouteront les guerres de Religion! (cf Bibliographie). De toutes ces calamités, a pu naître le désir de changer de pays en gardant les mêmes activités, chez des hommes entreprenants, menacés pour certains dans leurs convictions philosophiques et qui préféraient le commerce à la guerre. Cependant les Archives départementales d'Angers font soupçonner des relations de longue date avec Caen et Paris, surtout chez les de la Pierre et Mauduit de Montsoreau, relations familiales qui les auraient renseignés sur l'ambition de Richelieu de créer une flotte commerciale protégée des ennemis et pirates par une flotte de guerre. Au milieu du XVIIè siècle, nous les trouvons affréteurs au Port-Louis. Ils sont dans tous les ports de la Bretagne du Sud et aussi du Nord. Opportunistes à bon escient avec l'implantation à L'Orient de la Compagnie des Indes orientales, entreprenants, actifs et bien renseignés, nos personnages sont plus que les agents d'une ascension sociale remarquable, ils sont les acteurs de la marche de l'Histoire.
Les textes ont été sélectionnés en fonction de leur valeur pédagogique*, la signification exacte de ce qu'ils relatent ou expriment – et qui n'est pas toujours évidente- et a imposé aux transcripteurs une exigence de rigueur constante. Par l'emploi de deux écritures différentes la distinction entre les textes authentiques et les commentaires ou remarques, est immédiatement visible: les textes d'origine et les citations sont en italique, les adaptations modernes et les commentaires sont en écriture droite. Dans le premier cas la langue française des XVIIè et XVIIIè siècles est restituée et, sur une étendue de deux siècles, son évolution se révèle d'elle-même. Les actes de justice (série B) et ceux des Notaires (série 6E) sont écrits par des greffiers ou sergents aux compétences très inégales. La graphie n'était pas le souci majeur des bretonnants au savoir traditionnellement oral, confrontés au «français». Il nous a paru nécessaire d'associer le lecteur à la découverte de la lente évolution du style et des tournures juridiques, de l'orthographe, ainsi qu'à l'apparition de la ponctuation et de l'emploi des accents, dont nous avons l'héritage. Sous les titres sont précisées les précautions prises pour faciliter la lecture et compréhension d'un acte. L'emploi d'abréviations relève du même souci, notamment face à la redondance des « ledit, ladite, lesdits, susdits, etc.. » en un seul mot, quelque peu lassants et pourtant porteurs d'une précaution judicieuse du langage; ils signifient celui, celle, ceux dont on a déjà parlé et nuls autres, ainsi que toutes les extensions du même type. Devant la rencontre avec les mots inconnus, ou si différents par le sens qu'ils avaient, conduisant au risque de contresens, nous avons jugé indispensable de faire figurer, en annexe un glossaire étymologique, sous une forme utilisable, à part et par tous. Mais nous dérogeons parfois à la règle en donnant la signification du mot rare, inconnu, immédiatement dans la même page, sinon la suite serait incompréhensible alors que la curiosité est aussitôt satisfaite. Nous avons parfois été aidés dans cette démarche par un membre de l'Association des Linguistes de France, ancien professeur d'Anglais et de Russe au Lycée de Lorient. Les linguistes contemporains ont mis en évidence l'antériorité de très nombreuses racines grecques sur les sources latines dans leurs propres travaux, à vingt ans d'intervalle...et de recherches. Nous tenons pour exemplaire le caractère culturel du glossaire et exprimons nos remerciements à ceux qui nous ont aidés à le constituer. Nous remercions tous ceux -et ils furent nombreux- qui nous ont spontanément remis des documents que nous ne possédions pas et aux internautes groisillons qui, novices au départ dans la recherche par Internet, sont devenus experts. L'apport des uns et des autres a considérablement raccourci la durée du travail et nous croyons qu'il n'est plus possible d'écrire l'Histoire sans l'aide des ressources d'archives internationales mises en ligne sur Internet, mais la vérification s’impose généralement. Nous souhaitons que nos successeurs puissent continuer l'étude de la destinée des Dondel, de la Pierre, Bréart de Boisanger, Mauduit, et Guyardet jusqu'à la seconde guerre mondiale incluse. Eux aussi apprendraient beaucoup. |
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